L’accord du participe passé
Les conjugaisons à la forme passive et celles aux temps composés impliquent nécessairement la présence d’un participe passé. Nous fournissons ci-après les principes généraux de l’accord du participe passé.
Accord du participe passé avec être
Le participe passé d’un verbe non pronominal conjugué avec être s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.
Exemple :
- Les feuilles sont tombées par terre.
Accord du participe passé avec avoir
Le participe passé conjugué avec avoir s’accorde en genre et en nombre avec le complément direct placé devant.
Exemples :
- Les décorations, elle les a vues .
- Je connais les gens qu’elle a vus .
Si le complément direct est placé après le verbe, il n’y a pas d’accord du participe.
Exemples :
- Elle a vu ces gens .
- Elle a visité plusieurs sites archéologiques .
En l’absence de complément direct, le participe passé reste également invariable.
Exemples :
- Elle a dormi .
- Elle a parlé à ses amis.
Accord du participe passé des verbes pronominaux
Même si les verbes pronominaux se conjuguent avec l’auxiliaire être, la règle d’accord du participe passé dans ce contexte nécessite une analyse des compléments du verbe.
Si le verbe pronominal a un complément direct, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le complément direct placé devant le participe.
Exemples :
- Les promesses qu’ils se sont faites .
- Elle s’est blessée .
Si le complément direct est placé après le verbe, le participe passé est invariable. On applique donc la même règle qu’avec avoir.
Exemples :
- Ils se sont fait des promesses .
- Elle s’est blessé la jambe .
En l’absence de complément direct, le participe reste invariable uniquement si le pronom réfléchi est un complément indirect.
Exemples :
- Ils se sont menti (on ment à quelqu’un).
- Elles se sont parlé (on parle à quelqu’un).
Si le pronom réfléchi n’est pas un complément indirect, il est sans fonction logique et le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.
Exemples :
- Ils se sont enfuis .
- Ils se sont méfiés d’elle.
- La soirée s’est déroulée normalement.
Note : Seulement six verbes pronominaux ne respectent pas cette règle d’accord. D’une part, se complaire , se déplaire , se plaire et se rire sont toujours invariables, même lorsque le pronom réfléchi est sans fonction logique.
Exemples :
- Ils se sont complu à ne rien faire.
- Ils se sont ri du danger.
D’autre part, le participe passé du verbe s’écrier et celui de s’exclamer s’accordent toujours avec le sujet, peu importe l’analyse.
Exemples :
- Elle s’est écriée qu’il ne fallait pas sortir.
- Elles se sont exclamées de joie.
Accord du participe passé suivi d’un infinitif
Pour l’accord du participe passé suivi d’un infinitif, cela dépend de la place du complément direct et du sens de la phrase. Le complément direct du participe passé doit être placé avant celui-ci et faire l’action exprimée par l’infinitif.
Exemples :
- Les enfants que j’ai entendus chanter (le complément direct que, mis pour enfants, fait l’action exprimée par l’infinitif).
- Les chansons que j’ai entendu chanter (le complément direct que, mis pour chansons, ne fait pas l’action exprimée par l’infinitif).
Note 1 : Le participe passé fait suivi d’un infinitif reste invariable.
Exemples :
- Les enfants que j’ai fait manger.
- Elles se sont fait mourir.
Note 2 : Les rectifications orthographiques (RO) recommandent que le participe passé laissé suivi d’un infinitif reste également invariable.
Exemples :
- Les enfants que j’ai laissé dormir.
- Elles se sont laissé mourir.
Accord du participe passé lorsque le complément direct est le pronom en
Lorsque le complément direct est le pronom en , le participe passé reste généralement invariable, malgré le fait que le complément représente parfois un groupe du nom féminin ou pluriel.
Exemples :
- Des pommes, j’en ai mangé .
- Des cadeaux, elles s’en sont donné .
Les verbes classés transitifs directs, transitifs indirects ou intransitifs
Seuls les verbes classés transitifs directs (notés v. tr. dir. dans le dictionnaire Usito) peuvent être accompagnés d’un complément direct, que ces verbes soient pronominaux ou non.
Les verbes classés transitifs indirects ou intransitifs (notés v. tr. indir. ou v. intr. dans le dictionnaire Usito) n’ont jamais de complément direct. Puisqu’aucun complément direct ne les accompagne, le participe passé de ces verbes est toujours invariable s’il est conjugué avec avoir : ces verbes n’auront jamais de complément direct placé devant.
La forme et la place du complément direct
La présence du complément direct et la place qu’il occupe sont décisives pour l’accord du participe passé, que le verbe soit conjugué avec avoir ou qu’il soit pronominal.
Si le complément direct est placé devant, le participe passé s’accorde. Le complément aura nécessairement l’une de ces formes : le, la, l’, les, que, qu’, me, m’, te, t’, se, s’, nous, vous, en, qui, lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, combien de…, que de…, quel…, quelle…, quels…, quelles…
Exemples :
- Je me suis levée de ma chaise.
- Ses vêtements, elle se les est confectionnés .
- Voici les droits qu’elle s’est arrogés récemment.
- Quels gants a-t-elle achetés?
Si le complément direct suit le verbe, le participe passé est invariable. Ce complément direct placé après le verbe peut prendre la forme d’un groupe du nom ou d’un pronom, ou encore d’une infinitive ou d’une phrase subordonnée. Peu importe sa forme, si le complément direct est placé après le verbe, le participe passé est invariable.
Exemples :
- Elle s’est confectionné des vêtements .
- Elle a acheté des gants .
- Elle s’est arrogé des droits .
- Vous m’avez demandé quelque chose .
- Voici les photos que vous m’avez demandé d’apporter .
- Voici les photos que vous avez demandé que je vous apporte .
- Voici les documents qu’elle m’a dit souhaiter vous remettre et qu’elle s’était juré de ne pas oublier .
Le complément direct peut même être sous-entendu. Dans ce cas, le participe passé est aussi invariable, puisqu’on le suppose après le verbe.
Exemples :
- Il nous a donné toutes les informations qu’il a pu (nous donner).
- Ma sœur n’a pas obtenu les excellentes notes que nos parents auraient voulu (qu’elle obtienne).
Verbes pour lesquels il importe de distinguer le complément direct du complément de mesure
Certains verbes, tels que coucher , courir , coûter (ou couter , selon les rectifications orthographiques), mesurer , peser , souffrir , valoir , vivre , etc., peuvent avoir tantôt un complément direct, tantôt un autre type de complément (de mesure).
Il faut bien distinguer ces deux types de compléments. On accorde le participe passé uniquement avec le complément direct.
Exemples :
- Les huit marathons que j’ai courus .
- Les cinq kilomètres que j’ai couru .
- Les dix minutes que j’ai couru .
- Les fruits que j’ai pesés au marché.
- Les trois kilos que j’ai pesé à ma naissance.
- Les émotions que j’ai vécues avec toi.
- Toutes ces années que j’ai vécu avec toi.
Verbes pour lesquels il importe de porter attention au complément se rapportant à un autre verbe
Avec écouter , emmener , entendre , envoyer , sentir , voir , etc., il faut cerner le complément direct qui se rapporte au verbe. Le participe passé sera invariable si un pronom complément à gauche du participe est en fait le complément direct d’un autre verbe.
Exemple :
- Les aliments que j’ai vu manger [= j’ai vu (quelqu’un) manger les aliments].
Dans cet exemple, le pronom que, mis pour les aliments, est le complément direct de manger, et non de ai vu. Tel que la règle générale le prescrit, le participe passé s’accordera uniquement si le pronom de gauche est bel et bien le complément direct du verbe conjugué.
Exemple :
Les clients que j’ai vus manger [= j’ai vu les clients manger = j’ai vu les clients qui mangeaient].
Accord du participe passé des verbes impersonnels
Le participe passé des verbes impersonnels ne s’accorde presque jamais, puisqu’il n’est presque jamais accompagné d’un complément direct. Le verbe est plutôt accompagné d’un complément du verbe impersonnel, appelé aussi sujet réel.
Exemples :
- Les preuves qu’il a fallu .
- Les choses qu’il s’est passé .
- Les événements qu’il y a eu .
Le pronom qu’ mis pour les preuves ou les choses ou les événements n’est pas un complément direct, mais le sujet réel. Comme le veut la règle générale, il n’y a pas d’accord, puisqu’il n’y a pas de complément direct dans ces exemples. On trouvera cependant un complément direct en plus du sujet réel dans l’exemple suivant (rare).
Exemple :
- Il nous a amusés de vous voir.